Critique Watchmen Les Gardiens

Tout d'abord rappelons l'histoire du film : "Watchmen - Les Gardiens"  se passe dans une Amérique alternative de 1985 où les super-héros font partie du quotidien et où le conflit americano-soviétique entrevoit une attaque nucléaire à travers une Horloge qui indique Minuit moins 5. L'histoire repose sur une uchronie introduite par le Dr Manhattan , être omniscient qui a la possibilité de transgresser le temps. Un être , qui dans cette réalité alternative, à permis aux USA de remporter la guerre du Viet-Nam permettant a Richard Nixon d'être réélu par la suite. Une mesure législative a été voté et a amené un retrait de la société et de la vie publique des super-héros qui sont desormais à la retraite. 

Rorschach , ancien membre d'un collectif de super héros , enquête sur une affaire de meurtre qui laisse préssentir un complot visant a discréditer et assassiner les anciens Super Héros. Certains sont nostalgiques de leur ancien travail , d'autres se sont réadapter à la société et le Dr Manhattan , seul réel personnage à avoir des supers pouvoirs , est la coqueluche du peuple américain et sert de menace dissuasive quant au conflit americano-soviétique et d'un éventuel conflit nucléaire. Rorschach , qui entrevoit un complot de grande envergure , tient a prévenir ses anciens coéquipier et camarade de la menace qui plane sur eux. De surcroit , le Dr Manhattan a d'étranges visions quant à une attaque nucléaire qui serait dévastatrice pour l'humanité. Les Watchmens , gardiens , vont devoir veiller sur l'humanité , mais qui va veiller sur eux ?

Zack Snyder , réalisateur averti , engage dans ce film un parti pris qui est de sortir de style conventionnel et traditionnel du genre. De ce fait , il aborde la question de l'antihéros pour presque tous ses personnages. En effet , que ce soit le Dr Manhattan qui ne comprend pas sa place sur terre et se questionne sur la legitimité de ses pouvoirs ou de Rorschach qui porte un masque en guise de visage. On est dans un questionnement réel sur la place du "héros" dans la société tout en sortant du manichéisme répétitif du style.

Le Comédien , par exemple, fait preuve de vacuité flagrante et de violence alors qu'il questionne en permanence son rôle de "héros", par exemple lors d'une manifestation. Zack Snyder , qui réalise pour la première fois un film estampillé du genre "Super-Héros", s'intéresse au chemin introspectif des "héros" , de leur gloire des années 40 jusqu'a leur chute et de leur retrait de la vie publique à travers la législation qui les empêche d'exister.

La narration est fluide et permet une présentation plus ou moins complète des personnages , qui sont nombreux , de leurs qualités et défauts car le réalisateur choisit d'opter pour une narration non manichéenne qui permet de voir les "héros" sous leurs multiples facettes.

Visuellement parlant , le long métrage est soigné et Zack Snyder fait utilité , comme présenté déjà dans son film 300, de nombreux ralentis et mise en scène qui permettent de renforcer l'intensité d'une scène. L'action du film , qui rappelons le, se passe dans une réalité alternative , est mise en scéne dans une Amérique sombre où le style urbain et à l'image de la situation des "héros". A mon avis , Zack Snyder a voulu souligner le contraste entre l'Amérique envoûtante , charmante où les "super-héros" étaient à leur paroxysme de leur notoriété et la période où les "super-héros" ont perdu place dans la société. La situation de la ville a , en quelques sortes évoluée en synergie avec les différents parcours des "héros" et de leur retrait publique.

Zack Snyder , dans sa réalisation, utilise de nombreux flash back , qui permette de souligner cette dualité entre une Amérique épanouie à travers ses héros et une Amérique nostalgique de ses idôles , de ses hommes et femmes en "costumes". De ce fait , le film est sombre et Snyder filme avec empathie et nostalgie la situation des "héros". Le Hibou et Laurie sont à l'image de cette nostalgie et la représente d'ailleurs à travers le film. La scène d'ouverture est incontestablement une scène importante du film , elle donne le ton et lance le film , que ce soit au niveau scénaristique mais également au niveau du visuel et de la mise en scène de Snyder.

Les plans sur Mars sont réussis et la dimension tragique du personnage du Dr Manhattan est bien retranscrite lors de ces scènes. Ce n'est pas un film qui se distingue comme un blockbuster avec de l'action à tout va , Snyder fait le choix de s'intéresser aux personnages , à leurs questionnements , à leurs reflexions, à leur dramaturgie. De surcroît, cela n'empêche cependant pas des scènes qui se déroule sur Mars et des scènes d'actions comparables à certains blockbusters.

Le film se démarque du style édulcoré des films du genre. Notamment en terme de violence où le film va beaucoup plus loin que les films classiques de super-héros. En effet , le film est interdit au moins de 12 ans. La où les films de super héros se veulent tous publics ; Zack Snyder à travers "Watchmen - Les Gardiens " déroge a cela. De surcroit, il déroge à ce principe consensualiste également par la durée du film. En effet ; c'est le long métrage de super héros le plus long jamais sorti pour l'instant. Le film dure un peu plus de 3h dans sa version longue et 3h35 dans sa version Director's Cut. 

Coté Acteur , Jeffrey Dean Morgan est impressionnant dans son rôle du Comédien, un personnage complexe qui est présent dans les flash back et qui est , bien évidemment , à l'origine de l'enquête de Rorschach. Malin Akerman et Patrick Wilson qui jouent respectivement Laurie et Le Hibou incarnent plutôt bien leurs personnages. Billy Crudup , qui joue le Dr Manhattan est intelligent dans son interprétation , notamment lors de ses monologues et ses rélexions philosophiques. Mention spécial à Jackie Earle Harley , (qui a également joué dans Shutter Island) , qui interprète le rôle de Rorschach avec une acuité étincelante et une force narrative bluffante.

Par ailleurs , il est intéressant de remarquer la place de la musique dans ce film. En effet , Zack Snyder a choisi méthodiquement les musiques pour accompagner l'action et cela permet de renforcer la portée de l'élément visuel. La pluparts des scènes importantes du film sont accompagnées de musiques. L'omniprésence de la musique dans le film est , selon moi un choix risqué , mais comme les musiques sont trés bien selectionnées et s'accordent admirablement bien avec les scènes qu'elles accompagnent alors je ne peux que valider ce choix de Zack Snyder.  Par exemple ; lors de l'enterrement du Comédien la musique qui accompagne la scène est Sound Of Silence ( le Son du Silence en francais) de Simon and Garfunkel, cela permet d'accentuer l'intensité de la scène et d'y installer une dramaturgie qui participe au fait que ce soit une des scène les plus importante du film. 

Par ailleurs , il peut y avoit une approche métaphorique du film et du rôle de ces "héros" . En effet , les protagonistes sont présentés des lors comme des anti-héros, en dévoilant leurs défauts et leurs facettes, non comparable à des Spiderman ou des Superman. Cela souligne éventuellement le caractère antinomique du rôle de super -héros avec d'autres facteurs. 

Le spectateur se questionne alors sur ce rôle que joue les "héros" dans la société et notamment dans nos sociétés modernes. Sur cette uchronie qui leur donne une place dans des conflits historiques importants. A leur rôle de menace dissuassive , a l'instar d'un Dr Manhattan éventuel omnipotent , ou de leur réussite financière , à l'image d'un Ozymandias qui a fait fortune aprés sa retraite de "Super Héros". La place du "Super Héros" est continuellement remise en question et les trajectoires sont écclectiques en fonction des "héros".

L'approche de Zack Snyder dans le film et d'Alan Moore dans le roman graphique permette à la fois de s'intéresser à l'âge d'or des super-héros et de l'engouement populaire mais également , et c'est dans cela que se démarque le film , dans "l'aprés super-héros" la où les idôles sont devenue des mythes, la où les dieux sont devenue des hommes. La désuétude de leur gloire passée fait réfléchir sur l'éventualité d'une pérennité du métier de "super-héros" dans nos sociétés modernes et surtout de leurs adaptations aux différentes menaces dans le temps.

Le film questionne sur le rôle de super héros et n'hésite pas à le présenter comme un sacerdoce. Le spectateur , après le visionnage , aborde les responsabilités d'un super-héros avec nuances et variété. Est-ce que le terme de super-héros n'est pas galvodé ? Est-ce que les reponsabilités que ça implique , dans nos sociétés modernes , ne sont pas trop importante ? Comment faire face à la notoriété et puis a l'anonymat d'un super héros ? Diverses thématiques sont abordées dans le film. Le film questionne et redessine le portrait caractéristique du super-héros sans lui en donner un portrait type et caricatural.

Je vous conseille , bien évidemment , "Watchmen - Les Gardiens" de Zack Snyder qui réussi son pari d'adapter au cinéma le comic book d'Alan Moore réputé comme inadaptable sur grand écran. A l'instar du comic book paru en 1986-1987 qui a révolutionné l'approche du super héros et introduit incontestablement une oeuvre marquante du neuvième art. "Watchmen-Les Gardiens" a une place à part dans l'univers du cinéma et plus particulièrement dans celui des films de super-héros.